Charles Dubouix
Comment mesurer les émissions du fret? (1/3): Qualité, périmètre et homogénéité des données collectées Est-ce qu’ ?
- Les données sur les émissions carbone sont aujourd’hui massives et facilement accessibles
- Cependant, les transporteurs et les chargeurs doivent faire preuve de prudence pour exploiter correctement ces données.
- En particulier, ils doivent se poser les questions suivantes :
- les gaz à effet de serre comptabilisés (Doit-on comptabiliser seulement le CO2 ou également le méthane, le protoxyde d'azote etc. ?)
- le périmètre des émissions: Doit-on prendre en compte uniquement la combustion de l'énergie (TtW) ? Doit-on inclure la production et la distribution de l'énergie (WtW) ? Ou doit-on aller plus loin et inclure une analyse complète du cycle de vie ?
Ces dernières années, le volume de données sur les émissions carbone a explosé. Néanmoins, cette prolifération s’est accompagnée d’une baisse de la qualité des données.
Les 4 principaux défis qui s’imposent aujourd’hui aux entreprises qui souhaitent piloter une stratégie de décarbonation avec des données fiables sont les suivants :
- L’homogénéité et le périmètre des données collectées
- La précision des données
- La méthode de collecte des données
- L’exploitation des données
L’homogénéité et le périmètre des données collectées
Quels gaz à effet de serre comptabiliser ?
Bien que le CO2 soit responsable de plus de 3/4 de l'effet de serre additionnel, d'autres gaz à effet de serre jouent un rôle important dans le changement climatique, notamment le méthane et le dioxide d’azote.
Les émissions de CO2 se mesure en gramme, donc en gCO2.
Pour tenir compte des effets des autres GES, une mesure plus compète est utilisée : le CO2 équivalent. Nous utilisons donc le gCO2eq ou le gCO2e.
Quel périmètre d’émission prendre en compte ?
De la même manière que les entreprises différencient leurs émissions directes et indirectes à travers les concepts de Scope 1, 2 et 3, il existe plusieurs manières de calculer les émissions d'un transport :
- Du Puits à la Citerne (WtT) : prend en compte les émissions de gaz à effet de serre pour la production et le transport de l'énergie.
- De la Citerne à la Roue (TtW) : prend en compte les émissions de gaz à effet de serre émises par le mode de transport lui-même, tel que la combustion de carburant pour faire fonctionner un camion.
- Du Puits à la Roue (WtW) : c'est l'agrégation des deux segments existants (WtW= WtT + TtW). Ce calcul prend en compte les émissions de la production d'énergie et sa combustion pendant le transport.
- Ses émissions de la citerne à la roue (TtW) sont nulles : un moteur électrique n'émet aucun GES.
- Néanmoins, si nous considérons la génération d'électricité en amont et calculons les émissions "du puits à la roue" (WtW), il apparaît que ce train électrique n'est pas neutre en carbone. Surtout si cette électricité devait être produite dans un pays avec un mix énergétique fortement carbonisé - par exemple dans des pays où l’électricité est produite par des centrales électriques au charbon.
Quelles améliorations attendre dans le futur ?
Avec les outils et méthodologies actuels, considérer le scope WtW ie. du "puits à la roue" permet d’obtenir les résultats les plus fiables.
Cependant, cette méthodologie est loin de refléter l'impact global du fret en termes de GES. En particulier, la méthodologie WtW ne prend pas en compte:
- la construction d'infrastructures et de véhicules ;
- leur fin de vie ;
- les opérations de manutention de marchandises (opérations aéroportuaires et portuaires par exemple).
Dans ce cas, l'analyse de l'impact au niveau WtW signifierait ignorer la production de la voiture et de la batterie et sous-estimer son impact d'un facteur de deux.
Voir ci-dessous l'empreinte carbone moyenne sur la durée de vie d'un semi-remorque vendu en France en 2030 | gCO2e/km.
Source Carbone 4: Road transport: what alternative motorisations are sustainable for the climate?