#20 Les carburants alternatifs : sauveurs du fret aérien ou miroir aux alouettes ?

✈️ Sustainable Aviation Fuel (SAF): solution d’avenir ou mirage technologique ?

L’aérien, c’est seulement 0,22 % du volume transporté dans le monde, mais 5 % des émissions du fret.

Surtout : c’est le mode le plus carboné de tous.

100 × plus émetteur que le maritime, 10 × plus que le routier.

Et dépendant à plus de 99 % du pétrole.

Alors, l’industrie s’accroche à une promesse : les SAF (Sustainable Aviation Fuels). Un carburant « vert » pour continuer à voler comme avant — sans CO₂ (ou presque).

🛩️ Oui, ça fonctionne. Vraiment.

Bonne nouvelle : les SAF, ce n’est pas de la science-fiction.

• Jusqu’à –85 % de CO₂ vs kérosène fossile (analyse cycle de vie).
• Compatibles avec les avions actuels – pas besoin de nouveaux moteurs.
• Deux familles :
• 🌱 Bio-SAF : produits à partir d’huiles de cuisson usagées, graisses animales, résidus.
• ⚡ e-SAF : fabriqués avec de l’électricité renouvelable, de l’hydrogène vert et du CO₂ capturé.

L’IATA (les compagnies aériennes) est formelle :

➡️ 65 % de la décarbonation de l’aviation en 2050 pourrait venir des SAF.

Sur le papier, tout est parfait.

🚫 Mais le vrai problème n’est pas là où on l’attend

Oui, les SAF coûtent cher (3 à 5× plus que le kérosène).

Mais l’ennui principal n’est pas économique. Il est physique.

1. Bio-SAF : les déchets ne suffiront pas

Même en récupérant 100 % des huiles de cuisson usagées mondiales, on couvrirait…

➡️ moins de 10 % de la consommation actuelle de kérosène.

Et ces ressources sont déjà utilisées par d'autres secteurs (routier, chimie, chaleur…).

Sans oublier que l’aérien est le mode de transport le moins sobre énergétiquement :

• Transporter 1 tonne en avion consomme 100× plus d’énergie qu’en bateau,
• 10× plus qu’en camion.

2. E-SAF : énormément d’électricité verte pour la production d’hydrogène

Le e-fuel semble magique. Sauf qu’à l’échelle mondiale :

➡️ Décarboner uniquement l’aviation en 2050 nécessiterait 2/3 de l’électricité produite dans le monde en 2024.

Et aujourd’hui, cette électricité est encore 60 % fossile.

Or, chaque kWh bas carbone qu’on produit pose une question simple : On le donne à un avion… ou on ferme une centrale à charbon ?

3. E-SAF : le point dont personne ne parle vraiment : le carbone ‘biogénique’

C’est l’éléphant dans la pièce.

Même si on réussissait à produire l’hydrogène vert à grande échelle, une question reste : d’où vient le carbone utilisé pour fabriquer les SAFs?

Trois possibilités… et aucune n’est vraiment satisfaisante :

✅ Ce qu’il faut retenir (côté chargeurs et entreprises)

Les SAF sont utiles, mais insuffisants. Ils ne permettront pas, seuls, de décarboner l’aérien.

Trois leviers deviennent incontournables :

1. Réduire la demande aérienne.

Voler quand c’est nécessaire. Pas par réflexe.

2. Basculer ce qui peut l’être vers des modes massifiés :
• Maritime (≈ 100× moins de CO₂)
• Routier (≈ 10× moins)

Oui, c’est plus lent. Mais la contrainte est souvent organisationnelle, pas technique.

3. Impliquer les équipes, clients, fournisseurs pour accepter un transport moins “instantané”.

🧭 Conclusion – Ne pas se laisser bercer par le kérosène “vert”

Les carburants durables — bio-SAF et e-SAF — feront partie des solutions de décarbonation du secteur, notamment à moyen terme.

Néanmoins, ils sont également dangereux - au même titre qu’un anesthésiant.

Pourquoi ? Parce qu’ils deviennent un miroir aux alouettes :

👉 ils donnent l’impression que l’on pourra continuer à voler comme aujourd’hui,

👉 sans changer nos habitudes,

👉 sans réduire le trafic,

👉 sans passer à des avions plus sobres (comme les turboprop), quand c’est possible.

Or, si l’on compte uniquement sur ces solutions technologiques, on repousse le vrai débat :

faut-il vraiment transporter autant, aussi vite, aussi souvent par avion ?

Les SAF ne doivent pas servir d’alibi pour éviter cette question.

Décarboner l’aérien, ce ne sera pas seulement une affaire de molécules, mais de choix collectifs et d’organisation différente des flux.

Vous voulez repenser vos flux aériens ou construire une stratégie bas-carbone réaliste ?

➡️ Contactez OVRSEA.

linkedin Les SAF : vraie solution pour le fret aérien ou mirage ? | Charles Dubouix

linkedin SAF : vraie solution pour le fret aérien ou mirage (2/2) | Charles Dubouix

Douane 🛃

📦 “Colis, c’est fini” 🎶

Visionnaire, Hervé Vilard le chantait déjà en 1966.

Près de 60 ans plus tard, c’est l’Europe qui reprend le refrain.

Après les États-Unis (cf. édition #19 sur la fin du De Minimis), l’Union européenne s’apprête à mettre fin à l’âge d’or des petits colis : même les envois de faible valeur seront désormais taxés.

🇪🇺 Pourquoi emboîter le pas à Trump ?

Pour tenter d’endiguer le raz-de-marée du e-commerce chinois.

Quelques chiffres qui parlent d’eux-mêmes :

• 12 millions de colis de moins de 150 € entrent chaque jour sur le marché européen,
• soit près d’un colis par habitant chaque mois
• et 91 % d’entre eux proviennent de Chine.

Une mécanique parfaitement huilée, portée par des plateformes comme Shein, Temu ou AliExpress, qui profitaient de l’exemption de droits pour inonder le marché européen.

📆 Et maintenant ?

Dès le 1er trimestre 2026, les droits de douane s’appliqueraient “dès le premier euro”.

Autrement dit : fini les envois sans taxes ni formalités, même pour les petits colis.

La mesure doit encore être validée lors du prochain Conseil de l’UE mi-décembre

mais sauf surprise, on pourra chanter au réveillon :

“Colis, c’est fini.” 🎶

La fresque du Fret

🎨 Paris - Marseille : 2 - 1

Il reste respectivement, une et deux places pour nos prochains Afterwork Décarbonation :

• à Marseille, le lundi 25.11.25 - 1 place
• à Paris, le lundi 01.12.25 - 2 places

⚠️ Participation sur invitation – nombre de places très limité.